Discriminations liées à l’orientation sexuelle : les élus s’engagent, des freins subsistent.

Fin novembre 2013, le Refuge invitait les candidats aux élections municipales à répondre à un questionnaire relatif aux actions envisagées sur leurs territoires pour lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle. Cette opération, réalisée en partenariat avec La Gazette des Communes, Le Courrier des Maires et l’Association des Petites Villes de France, a impliqué au total 151 candidats de 112 communes. Leur mobilisation et la teneur de leurs réponses montrent un intérêt positif pour la problématique des LGBTphobies, des initiatives parfois innovantes pour lutter contre les discriminations, mais aussi des réticences à sensibiliser la population.
Œuvrer en coopération avec les associations


« À travers les 151 réponses à notre questionnaire, la diversité des tendances politiques et des territoires représentés, nous constatons que la lutte contre les LGBTphobies intéresse une partie du monde politique local de façon positive ». Nicolas Noguier, président du Refuge, se déclare satisfait des retours de l’opération lancée par l’association du 3 décembre au 16 mars. L’analyse des réponses est en effet encourageante, tant par le nombre d’actions concrètes déjà réalisées que par le caractère innovant de certains projets. Surtout, les élus affichent leur volonté d’œuvrer en coopération avec le monde associatif, souvent en impliquant les citoyens à travers des instances comme les Conseils consultatifs ou des dispositifs d’éducation populaire. La participation citoyenne paraît être, pour nombre de candidats, une voie centrale pour lutter contre les LGBTphobies, malgré d’importants freins chez certains à la sensibilisation des populations.

Lutter contre les LGBTphobies : un oui de principe, et après ?
Les questions les plus consensuelles sont le principe de lutter contre les LGBTphobies (79%), l’incitation à porter plainte en cas d’agressions (72%) et la rencontre annuelle avec les associations (65%). D’autres thématiques, plus polémiques, souffrent d’un taux d’engagement plus bas : la formation du personnel (57%), la mise à disposition du public de matériel pédagogique (56%), la création de structures d’hébergement pour les jeunes LGBT chassés du domicile familial (48%), l’intégration des LGBTphobies comme thème du Conseil Municipal des Jeunes (45%), la création d’un poste d’adjoint délégué (41%), le financement pluriannuel des associations de lutte contre les LGBTphobies (41%) et la mise en place d’une campagne d’affichage pour sensibiliser les populations (38%).
« Les réticences s’expliquent en partie par l’effort financier nécessaire, mais pas seulement ! » commente la responsable de l’analyse de l’enquête pour le Refuge. « Nombre d’élus locaux, toutes tendances politiques confondues, ne souhaitent pas s’engager de façon trop visible aux yeux des populations. Ils préfèreront, par exemple, inclure les LGBTphobies dans des campagnes globales contre les discriminations. »

Des communes à la pointe de l’engagement
Bordeaux, Dijon, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nantes, Paris, Strasbourg, Toulouse apparaissent comme les villes les plus engagées, par leurs actions concrètes, dans la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle. Certains candidats aux élections dans ces municipalités disent leur volonté de rester vigilants et d’aller plus loin dans leurs initiatives pour une société intégrant la pluralité des identités sexuelles ou de genre.
Enfin, trois candidats aux élections de Courbevoie et de Nîmes souhaitent renverser la tendance dans leurs villes respectives mal classée en 2013 par le Comité Idaho et le think & do tank République et Diversité. Pour Nicolas Noguier, « ces trois candidats illustrent bien l’ambivalence mise en avant par les résultats de ce questionnaire : un vrai mouvement d’engagement local, malgré de nombreux obstacles encore à franchir. »

Retrouvez l’ensemble des réponses des candidats, région par région, accessibles grâce à une carte interactive.
Contact presse : Karine BAUDOIN, Le Refuge, 06 30 08 42 14.

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